She’s just a kid: The Walking Dead, season 2

Deux ans après avoir joué au premier opus de The Walking Dead, le jeu narratif des studios TellTale Games, je n’avais qu’une envie : retrouver Clementine dans son quotidien cauchemardesque, truffé de choix difficiles et de dangers inattendus.

Cinq épisodes, huit heures de jeu et quelques émotions plus tard, c’est désormais chose faite. Il est donc temps de décider si cette suite satisfait aux exigences imposées par sa grande sœur, à l’heure où un troisième volet est déjà annoncé.

Si vous ne connaissez pas la saison 1 de The Walking Dead, je vous invite à lire cet article

 

New morning

Après la fin tourmentée de la première saison, les fans se sont longtemps demandé qui serait le prochain personnage jouable. Finalement, le joueur se retrouve tout simplement dans la peau de celle qu’il avait tant cherché à protéger auparavant, la petite Clementine. On se rappelle que lorsque l’on incarnait Lee, celle-ci venait régulièrement nous rappeler que se conduire de façon inhumaine, c’est mal, et que conserver un semblant de morale, c’est bien. Cette tâche, remplie à merveille par notre protégée à casquette, incombera désormais à d’autres personnages car lorsque l’épisode 1 débute, plusieurs mois étant passés, Clementine n’est plus la même. Elle a grandi, elle ne pleure plus et sa voix s’est affermie.

A vous donc d’incarner une fillette pleine de maturité et de choisir sa réaction face aux différentes situations rencontrées, avec toutefois l’inconvénient non négligeable qu’incarner une enfant dans un monde infesté de morts vivants, c’est être forcé de vivre des scènes que l’on aurait préféré éviter…

Clementine

“No offense, but– c’mon, that’s crazy, she’s just a kid.”

Ce jeu a donc une approche différente du précédent volet : si le joueur cherchait avant tout à protéger Clementine via la force rassurante de Lee dans les premiers épisodes, on comprend vite qu’il s’agit désormais de la préparer au mieux à survivre par elle-même dans un environnement toujours plus hostile. Évidemment, les interactions avec les autres survivants sont nombreuses et apportent leur lot de dilemmes mais l’atmosphère est différente puisqu’ici, malgré les rescapés que vous rencontrerez, vous vous sentirez seul. Plus d’enfants à sauver, seulement votre propre peau !

 

Split decision

Heureusement, au fil des rencontres, des liens se nouent et qui dit liens et TellTale Games dit forcément choix crucial et sans bonne solution. Il arrivera donc de plus en plus souvent qu’il vous incombe à vous, dix bougies tout au plus, de trancher un conflit impliquant plusieurs personnes, et c’est dans ces instants que l’on fait évoluer Clementine de l’enfant à l’adulte.

The-Walking-Dead-Debut-Trailer

D’une saison à l’autre, les walkers n’ont pas changé – leur sale manie d’arriver au mauvais moment non plus.

C’est sur ce point que The Walking Dead : season 2 séduit. Dans cet opus vous pouvez ainsi décider de vous débrouiller en solitaire, mais si pour vous il est indispensable de conserver une part d’humanité et des relations saines avec d’autres êtres humains, ce choix est aussi possible mais loin d’être évident. On retrouve donc le dilemme classique du zombie survival, survivre ou s’attacher, ce que les amateurs du genre apprécieront.

Cette évolution, plus qu’un artifice scénaristique, est réellement le sel de cette série, et si l’on est tenté de préserver une part d’innocence dans nos actes au début de l’aventure, l’histoire vient rapidement contrecarrer nos plans. Il faudra donc plus que jamais savoir juger rapidement quelle situation peut nous être la plus profitable, tâche dont la difficulté est accrue par le fait que les autres survivants sont complètement imprévisibles et se comportent souvent comme des enfants, pulsions meurtrières en plus. Cet aspect du jeu peut d’ailleurs être assez énervant, surtout lorsqu’il se retrouve trop souvent, et si l’option “distribuer des baffes”  avait été disponible je l’aurais sans doute utilisée plus d’une fois.

 

Blood and iron

Ce changement de perspective dans TWD, très prometteur au premier abord, m’a séduit mais laisse un arrière goût d’inachevé. La force des liens qui unissaient Lee et Clementine a en effet bel et bien disparu et il est donc beaucoup plus facile de considérer ses partenaires d’infortune comme des éléments à disposition plutôt que comme des amis indispensables ; la déshumanisation des survivants dans un monde post-apocalyptique a bien été rendue, mais cela empêche par la même occasion le joueur de s’immerger autant qu’il en avait l’habitude. Sur ce point, le premier opus reste donc imbattable.

gameplay

“Listen… when the shit hits the fan, ’cause it always does, remember that you can make it on your own.”  A prouver.

 

Cependant, il faut le reconnaître, même si l’expérience de la première saison est au-dessus de celle de la seconde, ce jeu tient ses promesses. Si vous voulez vous mettre à la place d’une brunette à casquette de baseball qui fait face à des situations qui la dépasse, n’hésitez pas et lancez-vous : vous risquez d’être surpris par la distance que vous aurez parcourue en terminant cette seconde saison. Les épisodes sont inégaux mais après la scène finale, qui annonce une troisième saison riche en rebondissements, on a bel et bien l’impression de sortir d’un voyage long et difficile, et c’est ce qu’on demande.