The Great Gatsby

Mais que fait une critique de Gatsby sur ce site ?

Voilà la question que vous devez vous poser, la question que je me suis posé avant de me mettre à écrire, mais quelque chose me pousse à écrire. En fait je vais vous aider à découvrir que c’est l’utilisation des technologies qui permet un film comme Gatsby. Oui, j’ai bien parlé de l’utilisation à outrance de la technologie dans un film où l’action se déroule dans les années 20 ! Alors séduits par ce blockbuster ? Mais qu’est-ce que ça vaut vraiment Gatsby le Magnifique ?
Prêts à découvrir le film sous un autre aspect ?

Vous remarquerez vite que The Great Gatsby version 2013 ressemble à un magnifique Tumblr de fan de Jazz… et de Dubstep, en tout cas c’est l’impression que j’en ai eu. Les lettres de la machine à écrire du narrateur qui s’affichent en surimpression sur les scènes du film, les travellings au-dessus d’une New-York fantasmé des années 20 ou au-dessus d’un coupé jaune canari filant à toute allure dans la proche banlieue new-yorkaise.
Rapidement, dès les premières secondes du film en fait, on s’aperçoit que l’esthétique est surchargée, comme si le réel ne nous suffisait plus. Alors on filme tout sur écran bleu (ou vert mais ça on ne le sait pas). Finalement la seule chose qui doit être réelle, c’est la mèche rebelle de Tobey Maguire, qui joue son rôle de fidèle pot de fleur une fois de plus et le sourire angélique de Léonardo Dicaprio, abonné comme toujours à d’atroces expériences aquatiques.

Mais je n’en dirai pas plus, parce que finalement on découvre que les films s’adaptent de plus en plus à nos nouveaux modes de consommation et que l’histoire n’est pas si importante en fin de compte. Les films se font aussi à cette hyper-consommation de produits culturels : un film comme Spring Breakers nous l’a encore montré il y a quelques mois. Les images se succèdent, toujours plus vite, sans vraiment qu’aucune trame scénaristique solide ne vienne lier le tout. En revanche, y’a pas à dire, c’est beau ! Fantastique ! ça brille de partout, et si c’est J.J. Abrams qui produit, on a même droit au [LensFlare de la mort qui tue. Donc Gatsby est un film qui se laisse scroler jusqu’au bout en fait, ce qui est très plaisant certes, mais on en ressort pas changé ou retourné pour un sou, page suivante !

Quant à la musique, c’est du lourd, avec Jay Z aux manettes, ça n’allait pas faire dans la dentelle. Certaines sont de beaux hommages à l’esthétique jazz des années 20 comme Bang Bang de will.i.am mais d’autres – ou ce qu’on en entend dans le film – sont vraiment des musiques de clubing. La musique n’est pas exploitée intelligemment à vrai dire, c’est un renvoi trop direct à notre époque. La musique d’époque aurait du dominer sur la pop et l’électro pour que cela puisse être beau et subtil. Au deuxième morceau de musique du film, ça devient lourd.
Je pense que tous les bons films sont des films à narration, mais dans Gatsby elle m’a déçu par le message qu’elle porte.

Le cinéma se perd, et si on déterre Gatsby d’entre les morts ce n’est pas par hasard. J’y vois deux raisons:
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1/ Le cinéma est partout en manque d’inspiration, on nous ressert de plus en plus du neuf avec du vieux. On bricole des remakes, des reboot sans que de vraies perles nous mettent les claques qui devaient arriver. Que va-t-on retenir des années 2007-2012 en matière cinématographique ? Sûrement Harry Potter, mais bon, on aurait pu faire bien mieux !
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2/ Le cinéma s’éloigne peu à peu dans l’onirique, fuyant sa réalité, rêvant d’un âge d’or passé, nous envoyant des messages de désespoir sur notre génération. Le cinéma américain a toujours servi de miroir de la situation ambiante, véritable catharsis du public US… hé bien on aurait pas pu faire pire. Encore un nouveau coup de pied mis au rêve américain. Après les années 2000 et des films comme Fight Club qui montraient l’amère déception d’une génération face au rêve américain, on nous montre désormais des personnages qui y croient encore comme des fous furieux, qui ne peuvent pas y arriver mais qui possèdent tout de même une aura. Une aura comme celle dont est doté Gatsby. ‘Old sport’, tu veux savoir ce que c’est que cette aura? Hé bien c’est simple, cette aura c’est l’inaccessible, Gatsby est inatteignable, on ne peut devenir comme lui, c’est une sorte de divinité ancienne qui vous invite dans son château et qui vous fait profiter de ses derniers charmes tout en se sachant vouée à disparaître devant la religion du dogme unique. Gatsby c’est l’espoir d’une vie meilleur, celui qui vous promet que vous pouvez partir de rien et réussir… Dans le film, ce personnage est Leonardo DiCaprio ; impossible de devenir comme lui. En plus il est malhonnête, et si on a lu le livre de F. Scott Fitzgerald on sait ce qu’il advient de lui.
Dans les dernières secondes, ce film dévoile son message et on peut l’approuver et se laisser faire par le malheur ambiant ou décider de relever la tête et lutter.

En fait Gatsby est beau parce qu’il nous met face au mur concernant notre époque. Il sera soit profond, soit aussi beau et éphémère qu’un très long GIF animé, à vous d’en juger ! À la fin du film la porte se referme sur cette dimension si particulière, et c’est pour cela que Gatsby a sa place ici, l’histoire se déroulant dans un univers fantasmé, une autre dimension, celle des années (1920)13] qu’il ne tient qu’à nous de voir se réaliser ou pas.

_ En bonus, le clip officiel de Bang Bang de Will.i.am qui donne une bonne idée du film, qui lui est en couleur évidemment:
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