StarCraft 2 : Le retour, au coeur de l’essaim

La première extension de StarCraft 2 est sortie récemment, et la moindre des choses est de faire un article sur cette prolongation du titre phare de Blizzard ! Alors, qu’avons-nous pensé de Heart of the Swarm ?Si le nom de StarCraft est si important dans l’histoire du jeu vidéo, ce n’est pas seulement parce que le jeu lui-même est l’un des meilleurs jeux de stratégie jamais réalisés, mais aussi et surtout parce que c’est la première fois qu’un jeu vidéo dépassait la simple enclave de l’écran : StarCraft est devenu un sport (électronique) et un métier pour des centaines de joueurs, entraineurs et autres commentateurs. Les développeurs du jeu avouent ne jamais avoir prévu l’ampleur que prendrait le jeu – à l’époque, qui pensait que l’on pouvait gagner de l’argent en jouant à un jeu vidéo ?

StarCraft II, lui, a été conçu comme le digne successeur de son petit frère. Blizzard a non seulement voulu prolonger l’histoire mais aussi et surtout créer LE jeu de sport électronique de la décennie. Si le jeu a très bien marché au début, force est de constater une perte de vitesse dès 2012. Alors qu’en 2011 tous les yeux n’étaient tournés que vers StarCraft 2 et sa scène compétitive, 2012 a vu l’avènement de League of Legends, le jeu le plus joué (et regardé)…jusqu’au 12 mars 2013.

 

Une extension très attendue

 

La sortie de la première extension de StarCraft II aurait été un évènement quel que soit le contexte, mais étant donné la perte d’intérêt des derniers mois, il s’agit en quelque sorte du retour de StarCraft sur la première marche du podium. Le premier tournoi majeur organisé simultanément sur Heart of the Swarm et sur League of Legends, la Major League Gaming, a en effet été le premier tournoi depuis une dizaine de mois à avoir plus de spectateurs pour StarCraft que pour League of Legends.

Il faut dire que si StarCraft II: Wings of Liberty est un excellent jeu qui mérite sa place au panthéon des meilleurs jeux de stratégie en temps réel (RTS), il souffrait d’un certain nombre de défauts par rapport à son concurrent majeur. Tout d’abord, les problèmes d’équilibrage sont moins omniprésents dans un jeu en équipe et où l’on peut bannir jusqu’à 6 personnages par partie (League of Legends) que dans un jeu majoritairement joué en 1 contre 1 et avec 3 races uniquement. Les derniers mois de Wings of Liberty ont vu une domination totale de la race zerg, qui a entrainé une certaine perte d’intérêt pour les grosses compétitions qui se résumaient très souvent à des Zergs versus Zerg, comme en témoigne la toute dernière finale de la Global StarCraft II League (GSL), un ZvZ… Ajoutez à cela une interface de jeu compliquée et peu amicale et un manque certain de fonctionnalités sociales et vous comprenez pourquoi League of Legends commençait à attirer plus de joueurs.

 

StarCraft II : le retour

 

Et il faut le dire tout de suite : Blizzard a parfaitement su analyser la situation et rectifier le tir. Avec la sortie de Heart of the Swarm a été déployée une mise à jour majeure de l’interface. Aux oubliettes les 45 clics nécessaires pour pouvoir lancer une partie et l’interface ressemblant à un écran de minitel, Blizzard propose désormais un design en deux colonnes avec la jolie Sarah Kerrigan en fond d’écran et des pop-ups lorsque l’on clique quelque part. Sobre, élégante et fonctionnelle : pari réussi.

Avec le redesign de son interface, la mise à jour 2.0.4 accompagnant Heart of the Swarm est également pleine de nouvelles fonctionnalités toutes plus impressionnantes les unes que les autres.
Tout d’abord, Blizzard a enfin ajouté à son jeu un système de clans en ligne, qui permet aux joueurs d’une même équipe de communiquer plus facilement en jeu et d’arborer fièrement le sigle de leur équipe sans avoir à changer de pseudo. Avec le système de clans vient également le système de groupes, qui offre la possibilité aux joueurs de se regrouper par affinités (exemple : fans d’Inside Electronic Pipo !). Une fonctionnalité totalement nouvelle est celle des « joueurs près de chez vous ». Il s’agit ici de pouvoir voir qui est connecté à StarCraft II via le même réseau Internet. Le but est de rendre le jeu le plus social possible : imaginez-vous, dans un café internet, en train de jouer tout seul… et imaginez-vous, dans un café internet, en train de jouer avec tous les autres amateurs de StarCraft du café !

Et ce n’est pas tout : Blizzard a compris que le système de replays, à savoir la possibilité de revoir ses parties et les parties des autres, est essentiel pour un jeu aussi compétitif que StarCraft II. Comment corriger ses erreurs si on ne peut pas les repérer ? La mise à jour apporte des changements révolutionnaires au système de replays : il est désormais possible de reprendre le contrôle de la partie à n’importe quel moment de la vidéo. En gros, c’est comme si vous regardiez un film, mais que, pas convaincus par la fin, vous repreniez les manettes et changiez tout. Cela permet non seulement de s’entrainer à gérer ses unités dans des circonstances particulières, mais aussi en compétition de régler problèmes de déconnexion. Une véritable avancée dans ce domaine. Enfin, avec la nouvelle interface, Blizzard s’inspire de Riot Games et de son League of Legends en permettant de jouer des parties non classées. A première vue, pas une avancée majeure, mais cela permet au contraire de garder plus de joueurs amateurs qu’auparavant, ne cherchant pas la pression des modes classés mais uniquement le plaisir du jeu sans stress.

 

Une campagne solo digne des précédentes

 

Passons maintenant aux spécificités de Heart of the Swarm, puisque les ajouts spectaculaires listés ci-dessus sont désormais communs aux deux versions du jeu.
Comme son prédécesseur, Heart of the Swarm permet de continuer l’histoire de Jim Raynor et de Sarah Kerrigan. Si Wings of Liberty était centré sur Jim Raynor et les Terrans, Heart of the Swarm, comme son nom l’indique (le « Swarm », ou l’Essaim, est un autre nom de la race Zerg) est centré sur les Zergs et leur reine, Kerrigan. L’histoire reprend juste après la fin de la campagne de Wings of Liberty… et pour ne rien spoiler, je vais m’arrêter là quant à l’histoire. Sachez juste qu’elle est toujours aussi captivante, et que j’ai essuyé une larme à la fin. Je n’en dirai pas plus.

Le mode de fonctionnement de la campagne est similaire à celui de Wings of Liberty : vous aurez le choix de visiter plusieurs mondes et d’y accomplir des missions. A nouveau, vous pourrez personnaliser vos unités en choisissant parmi plusieurs améliorations possibles. Alors, que préférerez-vous ? Des zerglings qui peuvent sauter des falaises ou qui peuvent se créer 3 par 3 en moins d’une seconde ?
La grosse nouveauté de la campagne est la place que prend le héros principal dans les missions. En l’occurrence, si Jim Raynor faisait quelques apparitions par ci par là durant la campagne de Wings of Liberty, Sarah Kerrigan, elle, sera présente dans l’écrasante majorité de vos missions et sera souvent essentielle à votre réussite. On retrouve ici les mécanismes de jeu de WarCraft 3, autre titre phare de Blizzard, et on ne s’en plaint pas : la campagne est un délice, bien qu’un peu facile. Il vous faudra cependant un certain nombre d’heures pour la finir en difficulté maximale et en ayant accompli tous les hauts-faits possibles.

 

Le meilleur pour la fin : le multi-joueur

 

Enfin, pour conclure cet article, parlons du meilleur de Heart of the Swarm, à savoir le mode multi-joueur.

Pour sortir le monde de StarCraft 2 de sa torpeur, quoi de mieux que de lui offrir 7 nouvelles unités et de modifier un certain nombre des unités déjà existantes ? C’est ce qu’a fait Blizzard avec cette extension, et si le jeu ressemble beaucoup à Wings of Liberty, il est également et paradoxalement totalement différent. Les nouvelles unités (de 2 à 3 par race) sont toutes plus intéressantes les unes que les autres et changent radicalement la façon de jouer. Je ne donnerai qu’un exemple : celui du Mothership Core pour les protoss. Le vaisseau mère n’est désormais accessible qu’après avoir créé ce Mothership Core (il requiert toujours la balise de la flotte), mais le Mothership Core peut être créé dès que le noyau cybernétique est sorti. Vous disposez alors d’une unité aérienne disposant d’une attaque terrestre, et de plusieurs sorts très pratiques : vous pouvez faire de l’un de vos nexus un gigantesque canon photon pendant 60 secondes, ralentir très fortement le mouvement d’un groupe d’unités en les encadrant dans une bulle spatio-temporelle ou encore téléporter votre armée d’un point de la carte vers n’importe lequel de vos nexus. Et tout ça dès 4 minutes de jeu à peu près.

Outre les changements apportés au gameplay, le multi-joueur de Heart of the Swarm dispose d’autres spécificités. Tout d’abord, il embarque un nouveau moteur graphique qui permet de rendre les animations de mort des unités bien plus réalistes et impressionnantes qu’auparavant. Désormais, le plaisir de massacrer les marines de vos adversaires sera double : non seulement vous serez en train de gagner, mais vous pourrez les voir se tordre de douleur sur le sol. Un bonheur. Une autre innovation de Heart of the Swarm, qui fait vraiment penser à son cousin League of Legends, est le système de niveaux. Désormais, jouer une partie vous rapportera de l’expérience selon vos actions en jeu et selon la durée de la partie. Cette expérience vous permettra de gagner des niveaux par race, sachant que vous pouvez atteindre le niveau 30 pour chaque race (et donc le niveau 90 au total). Les niveaux n’apportent rien en soi à part la motivation d’avoir un niveau élevé pour pouvoir se vanter et effrayer ses adversaires, et quelques modifications graphiques assez sympathiques pour vos unités. Ah si, une récompense de taille : vous pourrez faire danser le Gangnam Style à vos unités.

En conclusion, Blizzard revient sur le devant de la scène avec une extension très travaillée. Il semble qu’elle règle non seulement les problèmes existant sur Wings of Liberty, mais qu’elle ouvre également de nouvelles portes (je pense ici surtout au niveau système de replays). Nous verrons par la suite les utilisations que la communauté fera de tous ces ajouts, mais il est pour le moment assuré que StarCraft 2 va continuer à voir de très beaux jours, et tant mieux !