Spécial Halloween : Silent Hill 2, l’horreur est humaine
“I got a letter…”
Dans les chiottes dégueulasses d’une station routière abandonnée, James Sutherland contemple son reflet. Il a pris la route après avoir reçu une lettre de Mary, sa femme, qui l’attend dans leur « lieu spécial » niché au bord du lac Toluca dans la station balnéaire de Silent Hill. On pourrait y voir le pitch d’un road trip romantique si seulement il n’y avait pas un détail fâcheux : Mary est morte depuis des années…
La quête de James est avant tout un voyage à l’intérieur de lui-même, tant l’histoire qui nous est livrée est riche de sens. Chaque rencontre, chaque monstre, chaque action que l’on peut entreprendre a été mûrement réfléchie par les designer pour nous pousser à questionner la santé mentale de notre héros. La complexité de son scénario est un grand succès et la principale source de replay-value, car chacun se fera sa propre interprétation et voudra connaître le fin mot de l’histoire en obtenant chacune des fins proposées en fonction des décisions prises au file de l’aventure.
Le diable est dans les détails
Oui, le jeu a graphiquement vieilli et a une gueule un peu trop carrée. Mais le génie de son design, le soin mis dans élaboration de chaque décor, l’éclairage, les animations simples mais efficace et l’ambiance générale font rapidement oublier ces détails purement techniques. Les murs suintent l’angoisse et la rouille, tout est crade, voué à la décrépitude, et chaque niveau ajoute une nouvelle nuance au mal-être général. La BO d’Akira Yamaoka est tout bonnement sublime ( la preuve) et chaque effet sonore glace le sang. La peur de Silent Hill 2 se construit avant tout grâce à cette atmosphère poisseuse qui nous prend à la gorge plus qu’à l’aide de jumps scare classiques, et c’est ce qui la rend unique. Exit les zombies, vampires et autres loups-garous d’opérette, les ennemis sont ici des amas de chair plus ou moins décomposée, qui paraissent aussi faibles et torturés qu’ils sont dangereux.
Mary, à tout prix?
Les contrôles reprennent le maniabilité type « balai dans le cul » caractéristique des survival old school, même si un petit tour dans les options pour passer en mode 2d arrangera bien des choses. Ne vous attendez pas cependant à des prouesses : James est fragile, ses mouvements sont peu amples et la visibilité est extrêmement réduite. Comble du stress, votre radio se mettra à grésiller dès qu’un ennemi est à proximité, vous forçant à avancer la trouille au ventre et l’arme à la main vers une menace encore invisible. On alterne des phases d’exploration, d’énigmes et de combat de manière fluide, la carte dessinée à la main et annotée empêche de (trop) se perdre, et les checkpoints sont juste assez rares pour créer la tension sans être trop frustrants. Les développeurs ont eu l’excellente idée de proposer des modes de difficulté séparés pour les puzzles et l’action, si bien que tout le monde trouvera son compte. Petite mise en garde cependant : le mode difficile est VRAIMENT sans pitié et mettra vos neurones comme vos nerfs à très rude épreuve.
Silent Hill 2 est disponible sur PC, PS2 et XBox, ainsi que sur PS3 et XBox 360. Le remake ne rajoute vraiment rien de transcendant, et va même jusqu’à trop lisser certaines textures, faisant perdre au jeu un peu de son aspect crade et flou qui faisait son charme. Son scénario est totalement indépendant du reste de la série, vous n’avez donc plus aucune excuse pour ne pas vous jeter dessus !