Slender : Quand le jeu vidéo réinvente l’horreur.
Si vous croyez qu’un jeu ne peut pas vous faire peur, ce jeu vous fera changer d’avis.
On apparaît dans une forêt, avec une lampe de poche, et aucune indication sur la suite des évènements. Heureusement, il y a avec le dossier de téléchargement un dossier texte qui vous explique les règles du jeu, en gros celles-ci :
-* trouver huit morceaux de papier au milieu d’une forêt
-* ne pas regarder le slenderman
-* ne pas s’en approcher
-* votre lampe de poche a une batterie limitée (pour autant que vous restiez vivant suffisamment longtemps)
Aucun scénario donc, seulement l’existence de ce slenderman, qui vous poursuit, ou plutôt apparait et vous regarde comme un violeur psychopathe (sauf qu’il n’a pas d’yeux). Vous ne pouvez bien sûr pas attaquer (ça serait trop simple), juste fuir quand vous voyez, ou plutôt apercevez ledit slenderman, et chercher les huit morceaux de papier dispersés dans la forêt sombre et franchement pas très accueillante.
Un début de partie dans Slender : un paysage forestier très rassurant.
Le jeu vidéo offre une nouvelle dimension à l’horreur : là où un film vous stresse, le jeu vidéo vous permet de vivre cette infernale poursuite dans la nuit, sans renfort de scénario, sans avoir besoin de vous présenter les personnages (vous êtes vous-même, c’est tout, puisque bien sûr, c’est un jeu à la première personne). Vous prenez tout simplement la place d’un de ces personnages de film d’horreur que vous avez bien souvent observés d’un œil ennuyé se faire attaquer par divers types zombies et autres monstres, souvent en vous moquant de ses réactions et de ses erreurs. Vous pensez pouvoir faire mieux ? Vous pensez pouvoir garder votre sang froid avec le double poids du stress permanent de cette forêt sombre et incertaine et les poussées d’adrénaline provoquées par l’apparition au coin de l’écran de la silhouette pâle et mince de votre ennemi ? Vous pensez pouvoir récupérer les huit feuilles de papier dans la forêt, en une seule fois ? Car impossible de mettre le jeu sur pause, vous ne pouvez échapper à cette poursuite infernale qu’en abandonnant votre quête et donc votre progression…
Cette impossibilité de la pause, en plus d’augmenter l’immersion et donc l’horreur, en augmente la difficulté. Car en plus d’être un jeu extrêmement stressant, Slender est un jeu difficile, très difficile : pour vous donner une idée, je n’ai jamais vu personne dépasser la cinquième page (moi-même, je me suis arrivé à la troisième, après trois attaques cardiaques et un coude pratiquement cassé pour cause de sursaut après être tombé nez à nez avec le slenderman) même si je suppose qu’il est possible de finir le jeu (il existe une fin (il parait) !), si vos nerfs le supportent. Pari tenu ?
Ce moment sympa où on aperçoit le slenderman…
Pour vraiment rendre ce jeu le plus difficile possible, le développeur (Mark J. Haley, sans doute un dangereux sadique) a décidé de supprimer les éléments habituellement créés par le jeu vidéo pour aider le joueur dans sa quête : pas de minimap (ça serait trop facile), une assez grande carte plutôt uniforme parsemée de quelques rares repères, aucune indication in game (pour la batterie de votre lampe de poche par exemple), pas de barre de vie ou équivalent. Par ailleurs, si vous regardez le slenderman trop longtemps ou que vous en êtes trop proche, l’image commence à grésiller puis disparaît, tout simplement, et les sons n’ont aucune cohérence.
Les effets sonores ajoutent eux aussi en effet tant à la difficulté du jeu qu’à l’ambiance. A la difficulté, ils ajoutent leur manque de logique à l’ensemble des facteurs qui font que vous êtes, dans Slender, constamment perdus. A l’ambiance, ils ajoutent leur sobriété : des bruits de pas légers, et le son fort d’une cloche qui sonne parfois sans raison… et qui, la première fois que vous l’entendez, vous fait paniquer. Comme lorsque l’image, parfois, se brouille soudainement et encore une fois sans raison, vous faisant, selon le niveau de stress atteint, sursauter voire hurler de peur.
Quant aux graphismes, sans être extraordinaires, ils sont tout à fait raisonnables et suffisants : l’ambiance ne souffre aucunement des imperfections graphiques. On est certes loin de la qualité d’image d’une superproductions, mais son absence de fioritures inutiles garantit, un jeu léger (à peine plus de 100 Mo, autrement dit rien pour un jeu PC), facilement transportable sur une clef USB, et jouable sans trop de contraintes techniques en ce qui concerne la puissance de l’ordinateur.
Ah et j’oubliais : il est gratuit et disponible à cette adresse : http://slendergame.com/
Slender s’impose déjà et sans aucun doute comme un grand nom du survival horror dans le jeu vidéo, réduisant des noms comme Dead Space 2 à l’état d’une version gore de Bambi, et allant se placer aux côtés d’Amnésia : The Dark Descent dans la catégorie des jeux vraiment durs et immersifs. Un excellent jeu, à ne pas conseiller aux personnes cardiaques et à jouer — pour l’apprécier pleinement — dans le noir complet (éventuellement sur un grand écran), avec le son bien audible et assez fort, seul ou avec des amis.