[Sciences Po.] Réussir ses Humas

Ahh, les Humas, Latour et ses cintres, Picon et son amour pour les ponts et le Figaro… Cette année, ils auront gâté la nouvelle promo, qui n’a plus droit aux vacances de Noël pour finir son “blog d’Humas”.

Les Humas étudient les rapports entre les techniques et l’homme ; et les “techniques” (informatiques), c’est précisément ce sur quoi nous écrivons. Quelques articles du site sont donc utilisables pour vos Humas. Les voici. Vous stressez car vous n’avez pas encore terminé votre super blog d’Humas ? Inside Electronic Pipo vous liste les articles du site susceptibles d’y entrer ainsi que leurs enjeux !

1. Qu’est-ce que la culture geek ? — 04/08/2011

Cet article, l’un des premiers du site, explique ce qu’est la “Culture geek”. Cette culture, l’article la définit comme se rapportant directement au “monde virtuel et informatique”.

On voit dans cet article que la figure du “geek”, montante en raison du développement des techniques et de la sphère internet notamment, se définit par les techniques informatiques : le geek existe parce que les nouvelles technologies existent. Ainsi, l’homme a créé une culture, un profil voire un stéréotype à partir des techniques qu’il a lui-mêmes inventées. On voit ici le pouvoir des techniques et des sciences sur nos rapports humains : ici, elles ne font pas que transformer les rapports entre les hommes ; elles transforment certains individus eux-mêmes et apportent de toutes nouvelles interactions, un nouveau type d’humour, de nouvelles références…

2. Qu’est-ce qu’un mème ? — 25/08/2011

Cet article, un peu du même type que le premier, explique ce qu’est un “mème” : “un mème Internet est une image, un texte, une vidéo, un concept dont la diffusion se fait massivement via Internet. “

Un mème est donc un phénomène internet qui a ses caractéristiques propres et qui est souvent humoristique. Or, ce mème se diffuse par le biais de l’effet de réseau : ce sont les utilisateurs qui partagent une image, une vidéo ou un texte ; d’autres partagent, leurs amis le font également, etc. A la fin tout le monde connaît et le “buzz” — comme on aime souvent l’appeler en comm’ — est créé. Ainsi, un mème est un phénomène qui naît à la fois de la technique — Internet, le réseau social — et des rapports sociaux nouveaux qui l’entretiennent.

Je recommande de ne pas utiliser l’autre article — Petit inventaire de mèmes connus — dont certains mèmes pourraient être mal reçus par les examinateurs : je pense notamment à Pedobear. Vous pourriez néanmoins utiliser une image ou une vidéo, comme le Rick Roll.

3. Petite réflexion sur le téléchargement illégal et Hadopi — 14/10/2011

Cet article engagé ne nécessite pas que vous y adhériez pour être utilisable : il s’intéresse à la polémique du téléchargement illégal et de Hadopi et exprime le désaccord des auteurs avec la politique engagée.

L’intérêt ici n’est pas l’argumentation utilisée mais le sujet de l’argumentation : le téléchargement illégal. Cela témoigne de plusieurs choses :
-* Le téléchargement illégal — permis par une technique — est un enjeu politique très important. Ainsi une technique est entrée dans le champ du débat ; mieux, elle concerne des millions de citoyens qui ont pris l’habitude de pratiquer un téléchargement plus ou moins licite.
-* Pourquoi est-ce un enjeu politique ? Parce que l’enjeu est économique: les producteurs ne veulent aucunement qu’on télécharge leurs produits sans les payer, pour la plupart. Internet, ce nouveau réseau de partage, a donc créé un nouveau marché et de nouveaux moyens de frauder… un nouveau marché noir ? Pas vraiment, puisque les produits téléchargés illégalement sont gratuits. Plutôt un nouveau moyen de “frauder”, qui ne suscitait pourtant pas autant d’opposition dans le cas d’autres supports — qui n’a pas prêté un CD, un livre à un ami, voire à un inconnu dans des réseaux de partage, entraide, etc. ?
-* A l’évidence, ce qui différencie la situation de situations antérieures similaires, c’est son caractère massif et anonyme : on ne partage plus avec un ami mais avec des inconnus, beaucoup d’inconnus, qui peuvent habiter à l’autre bout du monde, dont on ne connaîtra jamais pas plus que l’adresse IP — et encore. Les producteurs perdent donc une clientèle potentielle qui, au lieu d’acheter ses produits, préférera utiliser des réseaux de Peer To Peer, qui ne sont par ailleurs — pour la vaste majorité d’entre eux — aucunement surveillés. A titre d’exemple, le site ThePirateBay est très souvent délogé et disparaît du Net pour raison légal… pendant quelques jours au maximum ! D’autres sociétés comme Limewire ont du subir des poursuites. Ainsi une nouvelle technologie aura créé une forte tension économique et politique.

Une façon intéressante d’aborder le sujet : au lieu de citer l’article, dont le contenu argumentatif n’est finalement pas ou peu utile aux Humas, on peut utiliser le spot publicitaire de Hadopi.

4. “Geek” n’équivaut pas à “No-life” — 23/10/2011

Un article proche des deux premiers.

5. Actualité : la France championne du monde ! — 25/10/2011

Cet article s’intéresse à la compétition sportive… en ligne ! Les jeux vidéos sont un milieu parfois extrêmement compétitif — le jeu vidéo Starcraft est d’ailleurs un “sport national” d’après sa communauté de joueurs en Corée du Sud — que beaucoup reconnaissent comme de véritables “sports”, qu’on appelle souvent “e-sports”.

Les sciences et les techniques ont donc permis le développement de nouveaux milieux véritablement compétitifs, de nouveaux “sports” en plein essor. D’ailleurs la plupart des sports passent par le biais de différentes techniques : difficile de jouer au football quand on ne sait pas faire un ballon et des cages voire de faire du jet ski sans… jet. D’ailleurs, ce sont tous — ou presque — à la base des jeux, qu’on parle des échecs, du Taekwondo ou du soccer. Alors pourquoi pas les jeux vidéos ? Parce qu’il y a “vidéo” dans le titre, que c’est “pas réel” ou que c’est “principalement joué par des jeunes boutonneux” (mais bien sûr) ? Un jeu vidéo peut-il véritablement être qualifié de sport ? Leur existence est très récente et leur gain en légitimité, leur capacité à être reconnus comme de véritables “sports” nécessitera sans doute encore un peu de temps.

6. Actualité : la blogosphère protégée par la liberté de presse (CdC, Arrêt “Fansolo”) — 14/11/2011

Cet article présente une récente décision de la Cour de Cassation : c’est officiel, la blogosphère fait partie de la “presse” et est protégée par la “liberté de presse” — pas au niveau constitutionnel mais au niveau de la loi : loi du 29 juillet 1881. Ou plutôt, c’est la Cour de Cassation qui, par son interprétation de la loi, reconnaît la liberté de presse des blogs.

J’avais d’ailleurs pensé aux Humas en écrivant cet article, dont le chapeau explique : “A chaque innovation technique, les normes sociales et juridiques doivent s’adapter, qu’on parle de la révolution industrielle, du développement des OGM, du clonage ou des nouveaux médias. C’est tout l’intérêt d’un cadre juridique général et ouvert à l’interprétation, tel que les normes constitutionnelles : l’interprétation au fil des siècles d’un même concept, par exemple “la liberté de presse”, permet d’étendre cette grande liberté à de nouvelles technologies de communication… comme la blogosphère.”

Comme dans d’autres domaines, on voit que le développement technologique implique une adaptation permanente de nos normes juridiques au progrès. A la base, la “liberté de presse” est loin d’être concernée par Internet (à l’évidence, puisqu’il n’existe pas encore) ; elle n’est pas non plus concernée par la radio et la télévision. Pourtant, elle doit s’adapter, par le biais de la loi mais aussi de la jurisprudence, à ces nouvelles technologies. Celles-ci ont tendance à recréer des débats anciens dans un cadre différent : l’enjeu est similaire, la technologie et ses implications précises sont différentes. Par exemple, on explique souvent que la presse traditionnelle, la télévision et la radio sont “top-down” alors que la blogosphère est “bottom-up”, c’est-à-dire que son contenu provient d’individus qui se construisent en réseau et non d’instituts plus importants et plus centralisés, publics ou non.

Conseils d’ordre général

Voici quelques conseils provenant d’un 2A qui pourront vous être utiles :
-* Variez les supports. A mort. Si vous visez une très bonne note ou que vous voulez limiter la casse, la clé est la variété : les articles, à la fin, ça saoule. Et apparemment, ça saoule rapidement. Vous pouvez parler d’anecdotes personnelles ; d’images ; de vidéos… Il est très facile d’extrapoler, car en général et comme on l’a vu avec l’exemple d’Hadopi, ce ne sont pas le contenu argumentatif d’un article qu’on commente ni le rapport précis des faits qui comptent en Humas : les Humas s’intéressent aux concepts et aux rapports entre ces concepts.

En général, c’est assez simple : les techniques et les sciences changent les rapports entre les hommes ; elles créent des enjeux politiques, économiques, juridiques, etc. nouveaux ; elles remettent de vieux débats souvent philosophiques sur la table, mais dans un autre contexte ; elles suscitent parfois des peurs très importantes, parfois métaphysique (je pense notamment au LHC, aux “excès des sciences” ; elles sont une source essentielle d’autorité — les “experts”, les “scientifiques”, les “économistes”, voix de la raison — malgré les limites pourtant inhérentes à la science de cette autorité (si l’on définit la science par le biais de la réfutabilité — cf. Karl Popper) et l’importance de l’idéologie politique sur une science supposément “neutre” et à la recherche de la “vérité”.

Vous pouvez en général tirer tout cela d’une simple image en extrapolant un peu. C’est facile et les examinateurs kiffent.

-* Insistez sur ces fameux rapports entre la science, les techniques et les hommes. Tout le temps si nécessaire. Il faut être bien clair pour montrer qu’on a bien compris.

-* Faites de jolis schémas, par exemple le schéma indispensable des “détours” ou “pas de côté”. Ca ne sert à rien, mais ça fait toujours plaisir.

-* Accordez un maximum d’attention à vos exercices obligatoires : il y a des chances que vos examinateurs ne lisent pas ou peu le reste, même si je ne peux pas dire cela avec certitude en raison de la modification du support du Journal de Bord, qui est maintenant un “blog d’Humas” si j’ai bien compris.

-* Variez le contenu. Après la forme, le fond : il faut essayer, je pense, d’être assez original et de traiter d’enjeux nouveaux. Vous avez dû remarquer, ou verrez, qu’on tourne rapidement en rond à dire toujours la même chose — du style, les sciences sont un enjeu scientifiques. Il faut essayer de trouver d’autres angles de vue.

En espérant que cet article vous aura été utile !