Kim Schmitz : un martyr du web ?

Avec la création d’une plateforme de partage sur internet, le hacker Kim Schmitz s’est fait autant d’argent que d’ennemis. L’Allemand d’origine frappe une fois encore, et teste une fois de plus les limites de l’internet libre, avec le lancement tant médiatisé de la plateforme “Mega”, comme pour envoyer un message clair à l’industrie du cinéma et aux autorités judiciaires des Etats Unis. Après Megaupload et de grandes aventures judiciaires, Mega est la nouvelle création de Kim Schmitz et connait déjà un large succès.

Les multiples sentences formulées par les cours allemandes

L’homme de 39 ans avait déjà été condamné précédemment par les cours de justice allemandes pour fraudes, délits d’initié et manipulation informatique abusive… avant qu’il n’émigre en 2002 pour l’Asie, puis qu’il s’installe finalement en Nouvelle-Zélande. Ce changement de pays lui a permis d’éviter la confrontation avec ses poursuivants, même si de nombreuses accusations étaient encore restées en suspens.

Le lancement de “Mega” serait selon Kim Schmitz une manière de ne pas répéter les erreurs l’ayant déservi lors de l’affaire “Megaupload”. Les 50 Gigabytes de mémoire gratuite en ligne sont disponibles pour chaque utilisateur, quel que soit l’utilisation qui en est faite. Les photographies personnelles et les documents pourront être ainsi aussi bien mis en mémoire que des films protégés par un copyright ou encore de la pornographie.

Les deux grands concurrents, Google et Dropbox, ne proposent quant à eux que cinq Gigabytes gratuits par utilisateur (même s’il est possible d’en avoir plus en payant). Point important, contrairement à “Mega”, ces deux plateformes se réservent le droit de retirer tout contenu protégé par un copyright ou ne respectant pas les conditions d’utilisation du site.

Afin que le site de Schmitz puisse se décharger de ce qu’un utilisateur potentiel ferait de l’espace de stockage proposé, un outil spécial destiné à l’upload est mis à disposition, permettant de crypter les données directement sur le nouveau serveur de “Mega”. Cette trouvaille permettrait donc à Kim Schmitz d’éviter toute poursuite judiciaire de la part des ayants-droits.

 

Plus d’un million d’utilisateurs en un jour

Selon certaines informations, la plateforme de Schmitz aurait attiré au premier jour de son lancement plus d’un million d’utilisateurs. Ce service se situe directement à la suite de son ancien projet “Megaupload”, devenu rapidement célèbre sur le net depuis son lancement en 2007. Ce site était alors l’un des premiers appareils de stockage gratuit de données sur internet, et était très vite devenu le paradis des pirates informatiques.

Grâce à la publicité mise en place sur son site, Kim Schmitz aurait gagné jusqu’à début 2012 une valeur estimée de 170 millions de dollars. Une partie de l’argent récolté était d’ailleurs investie dans son nouveau pays d’adoption, la Nouvelle-Zélande. Ainsi, avait-il, à l’occasion de la nouvelle année 2011, financé les feux d’artifice de la ville d’Auckland afin de manifester ses remerciements quant à sa naturalisation Néo-Zélandaise ; il avait aussi fait de nombreuses donations au parti du pouvoir en place.
Cependant, en Californie, les représentants de l’industrie du cinéma américaine pressaient toujours plus afin d’obtenir la fermeture de “Megaupload”. Le site aurait provoqué, avec sa mise à disposition de copies gratuites de films, une perte de profit estimée par les studios à un demi-milliard de dollars.

Après les nombreuses plaintes ayant émané de l’industrie cinématographique, le FBI avait mené une enquête contre Megaupload, et au début 2012, le procureur envoya une commission rogatoire ainsi qu’une demande d’extradition à Auckland.

 

Une peine pouvant aller jusqu’à vingt ans de prison

Au matin du 19 janvier 2012, la maison de Schmitz est assaillie par les forces Néo-Zélandaises, trois de ses associés sont capturés, ses possessions sont saisies et les pièces à conviction directement envoyées en Amérique. A ce moment là, Kim Schmitz risque jusqu’à 20 ans de prison.

Avant son extradition, la justice du pays le met en garde à vue prolongée, ce qui a involontairement donné l’opportunité au hacker de se constituer en martyr de l’internet libre. Un rôle qui semble manifestement lui plaire.

Cependant, coup de théâtre, la plus haute cour de Nouvelle-Zélande statue que les dures actions menées à l’encontre du nouveau citoyen Schmitz étaient clairement illégitimes. Cet avis est clairement sujet de débats, notamment sur la toile, certains arguant que le délit de violation de copyright ne peut pas entraîner d’extradition d’après le traité liant les deux pays; alors que d’autres affirment que n’importe quel délit entraînant au moins 12 mois de détention peut être sujet d’extradition (comme le fameux juriste bloggeur Graem Edgeler).
Ce retournement juridique a sans aucun doute fortement affecté les relations entre les Etats-Unis et la Nouvelle-Zélande, mais permettra à Schmitz de tester les limites de l’internet libre avec sa nouvelle création.