Interview du progamer “TLO” par “Die Welt”
Alors que le nouvel opus “Heart of the Swarm” de la saga de Starcraft vient de sortir, TLO nous explique la vie de joueur professionnel du célèbre RTS.
La traduction a été effectuée par mes soins, et j’ai délibérément pris quelques libertés avec le texte original afin de le rendre plus agréable à nos douces oreilles latines.Je vous ai déniché une petite interview de TLO (The Little One) par “Die Welt”, un des quotidiens les plus connus outre-rhin.
Dario Wünsch, plus connu sous le pseudo de “TLO”, est une star internationale de la scène de Gaming. Il parvient à gagner sa vie en jouant à Starcraft II, un métier assez particulier.
Rester assis devant son ordinateur, jouer un peu et gagner de l’argent grâce à cela constitue une option allécheante. Cependant, Dario Wünsch n’hésite pas à nous affirmer que la vie d’un joueur pro n’est pas de tout repos.
Die Welt : Monsieur Wünsch, vous êtes actuellement joueur professionnel. Est-ce-qu’on peut donc vous associer à un nerd ?
David Wünsch (TLO) : J’ai été assez vite confronté à ce préjugé, mais lorsque je raconte aux gens que ces deux dernières années j’ai vécu dans trois pays différents (l’Allemagne, la Corée et la Suède), que je voyage partout dans le monde pour me rendre à des évènements où des milliers de gens me regardent, et que je me suis fait des amis sur tous les continents, la plupart sont impressionnés et les critiques s’arrêtent.
Die Welt : Depuis 2010, vous gagnez votre vie exclusivement grâce au sport électronique avec Starcraft II. D’où provient l’argent ?
David Wünsch (TLO) : Je joue dans une équipe. Celle-ci reçoit de l’argent des sponsors, des logos que nous avons sur nos T-shirts, et le stream payant de nos parties génère lui aussi des revenus. Un peu à la manière des autres sports en somme.
Die Welt : Et donc cet argent vous est reversé.
David Wünsch (TLO) : C’est juste. En plus, il y a les prix à gagner lors des évènements. Un week end, je peux par exemple participer à un tournoi à Birmingham, pour un lot de 10 000 livres. Je peux donc vous affirmer que pour quelqu’un de 22 ans je gagne particulièrement bien ma vie.
Die Welt : Un bon salaire pour passer un peu de temps devant l’ordinateur, ça pourrait en faire rêver plus d’un ! }
David Wünsch (TLO) : Oui, mais ce n’est pas si simple. Pour devenir un bon joueur, il faut s’investir dans l’univers de manière incroyable. J’ai un plan de jeu, qui est de s’entraîner 45 heures par semaine, un peu comme une semaine de travail normale (en Allemagne). Ensuite viennent le sport, la natation, ainsi qu’une alimentation équilibrée pour tenir la cadence. Je m’accorde extrêmement peu de temps libre.
Die Welt : Et, selon vous, l’envie de jouer à Starcraft comme à vos débuts est-elle encore là ?
David Wünsch (TLO) : Bien sûr, parfois je n’ai plus envie de jouer et je dois me forcer à m’entraîner. Un peu à la manière des autres métiers, il y a des hauts et des bas. Mais tout de même, les nombreux évènements en arrière plan aidant, cela me fait toujours plaisir de jouer à Starcraft.
Die Welt : Vous êtes partis vous entraîner six mois en Corée du Sud, le berceau des joueurs professionnels de sport électronique. Comment avez vous vécu cette expérience ? }
David Wünsch (TLO) : Mon sponsor m’en a donné la possibilité en 2010. J’ai alors vécu avec d’autres joueurs pros dans une “maison d’équipe”. Nous étions 15 personnes dans 120 mètres carrés, avec quatre lits à étages dans chaque chambre, et notre seule obligation était de jouer intensivement à Starcraft 2. Neuf heures par jour. Nous avions même notre propre cuisinier, ainsi que notre femme de ménage, afin de vraiment pouvoir nous concenter sur l’entraînement. En Corée du Sud, le sport électronique a un statut très élevé. Les parties sont même retransmises en direct à la télévision !
Die Welt : Avec quel sport “normal” compareriez vous le sport électronique ?
David Wünsch (TLO) : C’est comme un mélange entre les échecs et un sport de combat. D’un côté, on a la stratégie, la complexité des échecs. De l’autre, il y a la concentration constante, comme dans la boxe. Une seule seconde d’inattention peut faire la différence entre victoire et défaite.
Die Welt : Vous êtes une réelle star de la scène. Vous considérez vous comme une célébrité ?
David Wünsch (TLO) : De temps à autres je suis reconnu dans la rue. Et quand dans des évènements les gens veulent des autographes, ça peut arriver que certains tremblent et ne trouvent plus leurs mots quand ils sont face à moi. Je trouve ça drôle cependant, car je ne me considère pas du tout comme quelqu’un de spécial.