Graver 1 million de Gigaoctets sur un DVD, easy ?

On connaît le Big Data, cette masse de données créées chaque jour par nos interactions quotidiennes, notamment sur Internet (Facebook, Google, Twitter…). Mais comment stocker efficacement des quantités aussi volumineuses ? Quels supports se révèlent les plus efficaces ?De plus en plus de nos actions, même minimes, donnent lieu à la création de données numériques. Que ce soit quand on passe sa carte Navigo sur une borne, ou lorsqu’on effectue une recherche sur Google. La courbe quantifiant cette masse de données, ce qu’on nomme le “Big Data”, est exponentielle : 90% du contenu total aurait été créé lors des deux dernières années. Et cette tendance n’est pas prête de ralentir.

Elle s’explique par plusieurs petites révolutions, les principales étant :
-* L’intrusion de composantes électroniques dans les objets du quotidien
-* L’amélioration de la qualité des fichiers multimédia (et donc de leur taille)
-* L’augmentation du débit Internet qui permet la mise en ligne de plus de contenu en moins de temps
-* Un accès accru à Internet dans le monde, plus particulièrement dans les pays d’Asie en plein développement.
-* Le succès de plateformes et médias sociaux de plus en plus accessibles et populaires (Facebook, Twitter, Tumblr, WordPress, Wikipédia…)

Outre la question de l’accès aux données et du danger qu’elles représentent pour la vie privée de chacun, se pose la question plus pratique de leur stockage. Si on essayait de stocker toutes les données jamais produites sur des CDs, la pile formée couvrirait plus de cinq fois la distance de la Terre à la Lune.

Les formats de stockage n’ont pas connu d’évolutions technologiques majeures ces dernières années. Mais cela ne saurait durer.


Les bonnes vieilles disquettes stockaient entre 80 ko et 1,4 Mo. Leur fabrication par Sony a été définitivement arrêtée en 2010.

Un million de “gigas” sur un DVD : vous y croyez ?

Une équipe de chercheurs a mis au point une technique permettant de graver sur un DVD des plus classiques un million de gigaoctets. Cette masse de données, qui représente l’équivalent de 10 ans et demi de vidéo haute définition, dépasse largement les 4,7 Go qu’on obtiendrait avec la technologie actuelle ! Comment est-il possible d’obtenir un tel écart en gardant un même support ?

C’est en réalité très simple. Les données sont gravées sur les DVD grâce à un faisceau de lumière. Suivant la loi édictée par le physicien allemand Ernst Abbe en 1873, la taille d’un faisceau de lumière visible ne peut excéder 500 nanomètres quand on veut le moduler en utilisant une lentille. Cette barrière, infranchissable jusque là pour les chercheurs, avait entravé l’innovation. C’est un peu comme si on ne disposait que d’une unique page Word et d’une taille de police minimale : il y a un nombre de caractères maximal indépassable si on veut que les caractères soient lisibles.

Une équipe de chercheurs a réussi à contourner cette limitation, en utilisant pas un mais deux faisceaux de 500 nm. Le premier (en orange sur l’image) sert à graver l’information tandis que le second (en violet) protège le DVD, limitant la taille de la gravure. L’écriture obtenue fait alors 9 nanomètres.

C’est un peu comme si on utilisait de la crème solaire pour limiter les zones touchées par un coup de soleil à une zone restreinte. C’est un moyen ingénieux de faire fi de la taille minimale d’un faisceau en le “taillant” avec un autre.

Cette nouvelle technologie va non seulement donner un nouveau souffle au stockage de données, mais ouvre aussi des portes en matière de miniaturisation. Le temps de la nanotechnologie ne fait que commencer.